Guerre commerciale La Chine taxe le porc et les fruits américains
La Chine a mis la menace à exécution : Pékin déclenche des mesures punitives contre 128 produits américains, en réponse à l’annonce par Donald Trump de droits de douane sur l’acier et l’aluminium importés aux États-Unis.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Les fruits et le porc sont notamment dans le collimateur des autorités chinoises. Ces mesures font suite à plusieurs semaines de tensions bilatérales, qui alimentent la crainte d’un conflit commercial ouvert entre les deux géants économiques mondiaux.
« Un abus » par rapport à l’OMC
L’administration Trump a décidé au début de mars l’imposition de droits de douane sur les importations d’acier et d’aluminium au nom de la « sécurité nationale ». Un argument jugé hier, le 2 avril 2018, par le ministère chinois du Commerce comme « un abus » des règles de l’OMC (1).
Les mesures américaines « sont dirigées uniquement contre quelques pays. Elles contreviennent gravement au principe de non-discrimination, qui constitue le fondement du système commercial multilatéral. Elles portent gravement atteinte aux intérêts chinois », dénonce la Chine.
« Nous espérons que les États-Unis abandonnent au plus vite leurs mesures enfreignant les règles de l’OMC, afin de permettre la reprise normale du commerce sino-américain pour les produits concernés », poursuit le ministère chinois du Commerce.
« Cesser [des] pratiques commerciales injustes »
Donald Trump fait régulièrement du déficit commercial américain avec la Chine un cheval de bataille. Lundi, une porte-parole de la Maison Blanche a dénoncé « les subventions et la surcapacité perpétuelle de la Chine » qui sont « la cause profonde » de ce qu’elle qualifie de crise sur l’acier.
« Au lieu de viser les exportations américaines commercialisées équitablement, la Chine doit cesser ses pratiques commerciales injustes, qui nuisent à la sécurité nationale américaine et faussent les marchés mondiaux », ajoute-t-elle.
Jusqu’à présent, Pékin a pris soin de ne pas s’attaquer à des produits agricoles majeurs, comme le soja, ou à des compagnies industrielles importantes telles que le géant Boeing, domaines qui, désormais, pourraient également être ciblés, estime le quotidien officiel Global Times.
Une liste de taxes
Le journal nationaliste écrivait dans un éditorial la semaine dernière que la Chine « a presque achevé sa liste de taxes de rétorsion sur les produits américains et va la rendre publique prochainement.
La liste portera sur des importations majeures chinoises en provenance des États-Unis. »
En dépit de cette rhétorique, le ministre américain du Commerce, Wilbur Ross, a fait valoir jeudi que les nouvelles sanctions américaines étaient avant tout un « prélude à une série de négociations ».
Washington déplore un déficit commercial colossal avec Pékin (375,2 milliards de dollars en 2017, selon les douanes chinoises).
La sénatrice américaine démocrate Elizabeth Warren, bête noire de Donald Trump, a rencontré vendredi et samedi de hauts responsables chinois. Parmi eux figurait le vice-Premier ministre Liu He, chef d’orchestre de la politique économique.
Des « mesures chinoises qui faussent les échanges »
« J’ai eu [avec lui] une discussion approfondie sur la façon dont les mesures chinoises qui faussent les échanges commerciaux, finissent par porter préjudice aux travailleurs américains », écrit Elizabeth Warren sur Twitter.
« Je suis depuis longtemps sceptique face aux politiques économiques, au niveau national comme à l’étranger, qui répondent aux besoins des grandes entreprises plutôt qu’à ceux des familles de travailleurs », indique-t-elle.
AFP(1) Organisation mondiale du commerce.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :